mercredi 30 mars 2016

COSMOS - Centre Opérationnel de Surveillance Militaire des Objets Spatiaux


Après un article pour une meilleure compréhension du CIE, voici un petit article d’initiation au COSMOS.
Article sur le CIE ici (cliquez sur ce lien en jaune)


Centre Opérationnel 
de Surveillance Militaire 
des Objets Spatiaux
(COSMOS)

Le Centre Opérationnel de Surveillance Militaire des Objets Spatiaux (COSMOS) est implanté sur la Base Aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun et il s’occupe de la veille spatiale ainsi que de la transmission auprès de l’Etat de renseignements sur la sécurité nationale. 
Il dépend de l’Armée de l’Air à qui ces missions sont confiées via le Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA). 
Actuellement, le personnel affecté à COSMOS est d’une vingtaine militaires de l’Armée de l’Air.

Doté de radars et du système GRAVES (Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale) du CDAOA, le COSMOS assure la détection et le suivi de plusieurs milliers de satellites et/ou de débris, surveille les évolutions météorologiques et sert de force d’appui pour les opérations militaires.


(Insigne de la Base Aérienne 942)

RÔLE

Le COSMOS est tout récent et a été inauguré en septembre 2014. Héritier direct de la Division Surveillance de l’Espace (DSE), le COSMOS se veut une véritable tour de contrôle de l’espace fournissant au commandement militaire et à l’Etat toutes les informations sur une ou des situations spatiales pouvant mettre en jeu la sécurité nationale. Il couvre cinq domaines principaux.
Avec plus de 3 000 satellites actifs, des centaines inactifs, des dizaines de milliers de débris spatiaux, le passage d’astéroïdes, l’activité solaire, on peut dire aujourd’hui que le ‘’trafic’’ dans l’espace est très important, et que cela nécessite une surveillance accrue et de tous les instants.
La surveillance principale se fait donc sur une orbite basse comprise entre 200 et  1 500 km d’altitude.


(Inauguration du COSMOS le 19 septembre 2014)

Les cinq domaines principaux de l’activité du COSMOS sont répartis en plusieurs divisions :

- Etablissement de la situation spatiale
- Analyse et Exploitation experte
- Suivi des alertes et des menaces
- Appui aux opérations militaires et/ou spatiales
- Suivi de la météorologie en France


Le COSMOS, lorsque son attention est attirée, établit une sorte de cartographie de l’objet en question, le suit, évalue sa finalité, sa dangerosité, bref, toutes les informations qui peuvent avoir un intérêt pour l’Etat et le Ministère de la Défense. Ces informations sont transmises à la Direction du Renseignement Militaire qui les étudiera, et les transmettra.

Le COSMOS participe aussi directement aux opérations militaires dont le succès peut dépendre des moyens spatiaux, comme faire en sorte d’obtenir une géolocalisation très précise par GPS, ou la surveillance et analyses de satellites qui pourraient révéler le déplacement de nos troupes lors des passages sur une zone donnée, ou pour la planification de frappes.
La précision est un élément essentiel des opérations militaires, que ce soit pour l’emplacement de troupes, les nôtres, amies ou ennemis, de la surveillance, de l’interception et des frappes.
Le COSMOS fournit actuellement environ 3 000 à 3 500 renseignements de ce type par an.

Au quotidien, le COSMOS doit répondre au(x) question(s) que pose(nt) la mise à jour régulière de la situation spatiale :

- Qu’est-ce qui a pu changer depuis la veille ?
- Cela est-il suspect ?
- Cela répond t-il aux informations fournies et/ou connues ?
- Faut-il chercher plus d’infos ?
- Doit-on utiliser d’autres moyens pour approfondir ?
- Aides et planification ?
- Alertes comme les RAR (Rentrées Atmosphériques à Risques)
- Etc…


LE SOLEIL

Le COSMOS surveille aussi de façon constante le Soleil, qui on le sait, a parfois des éruptions et des sursauts imprévisibles et qui peuvent entraîner de très grosses perturbations sur Terre, comme toucher les satellites, perte de signal radio, endommager les radars, réseaux électriques, téléphoniques, etc…
Le COSMOS diffuse donc des alertes lorsqu’il pense que ce genre d’événement solaire peut endommager ou bloquer les transmissions de télécommunications en haute et ultra haute fréquence, les radars de défense aérienne ou les systèmes GPS.


LES MOYENS

Pour pouvoir assurer toutes ses missions, le COSMOS dispose de plusieurs moyens :

- Trois radars SATAM de l’Armée de l’Air (à Diane en Haute-Corse, Sommepy-Tahure dans la Marne, et Captieux en Gironde)
- Trois Radars de trajectographie de la Direction Générale de l’Armement (DGA) sur le Bâtiment d’Essais et de Mesures de la Marine Nationale, le BEM Monge.
Le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) et ses moyens, notamment satellites.


(Radar SATAM)
(Le BEM Monge / Crédit : Marine Nationale)
(Cachet postal du BEM Monge en 2015 / Collection personelle)

mais le principal moyen de surveillance du COSMOS est : 


le système GRAVES

Le système GRAVES (Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale) est composé d’un radar et d’un calculateur de trajectoire orbitale. Ce système ultra perfectionné fonctionne en combinant les informations d’observations du ciel et des mesures brutes recueillies par le radar, et par le tri et l’interprétation de ces mêmes données effectuées par le calculateur (d’une puissance de plus de 60 Gflops).

GRAVES est l’élément central de la France pour la surveillance de l’espace – ce qui permet à notre nation d’être indépendante et autonome. L’autonomie de la surveillance spatiale est un élément essentiel de notre souveraineté nationale. Il peut suivre simultanément plus de 3 000 objets en orbite basse et est capable de repérer un objet d’une taille d’une machine à laver (par exemple) survolant le territoire français entre 400 et 1 000 km d’altitude. GRAVES est l’unique système de surveillance des objets en orbite basse en Europe.

Il a été conçu par l’ONERA et a été livré à l’Armée de l’Air fin 2004 et mis en service en décembre 2005 (souvenez-vous de sa présentation au Salon du Bourget 2007). Pour le radar, un radar bistatique,, les sites d’émission et de réception sont situés à deux endroits différents.
Le site d’émissions se trouve en Haute-Saône sur l’ancienne base aérienne de Broyes-les-Pesmes à 400 km du site de réception qui se trouve sur le Plateau d’Albion.
Les antennes émettrices fonctionneraient sur la fréquence 143,050 MHz.
(Site d'émissions du GRAVES)
(Site de Réception du GRAVES)

GRAVES se montre terriblement efficace et a permis à la France d’être totalement autonome dans la détection spatiale. Il a ainsi repéré la position de plusieurs satellites ‘’espions’’ américains, ce qui a permis à la France de pouvoir demander la réciprocité de ‘’secret’’ de ses satellites militaires (Hélios et Syracuse) auprès des américains.

Une fois un objet repéré et catalogué, GRAVES peut permettre de savoir où il se trouvera les jours suivants. Il peut ainsi permettre de détecter un objet en orbite, un nouvel objet en orbite, un objet qui manœuvre en orbite, un objet qui disparaît en orbite – autant dire qu’un satellite ‘’discret’’ ne le reste pas longtemps.
Grâce à son calculateur, on peut anticiper le survol d’une zone donnée, une manœuvre, une rentrée atmosphérique. Mais on peut aussi, dans le cas d’une explosion de satellites, de repérer lequel grâce à l’analyse des débris engendrés et les trajectoires de ceux-ci.


Concernant les Rentrées Atmosphériques à Risque (RAR), c'est-à-dire l’entrée dans notre atmosphère de débris spatiaux, fusées, étages de fusées, satellites, on connait en général bien à l’avance la trajectoire que pourront prendre ces débris, grâce à la surveillance constante de l’espace. Pour ce faire, on utilise les trois radars SATAM, et autres systèmes de surveillance et suivi (voir ci-dessus) qui fourniront des informations très précises. GRAVES n’est pas conçu pour ce genre d’opération. En général, la trajectoire et la chute sont définies très précisément 48 heures en avance.
En cas de chute sur notre trajectoire, le COSMOS avertira la cellule de crise du Ministère de l’Intérieur (la cellule se trouve à Asnières dans les Hauts-de-Seine / où se trouve le siège de la Sécurité Civile).

Un article plus complet sur les Rentrées Atmosphériques à Risques (RAR) et les débris spatiaux sera publié sur ce site dans quelques temps.

Remerciements : Armée de l'Air, Ministère de la Défense
Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace
             Armée de l'Air / Ministère de la Défense